Saisons
Je suis de toutes les saisons, la fraîcheur des printemps, la langueur des automnes. Je suis ce roseau penchant et le chêne l’abritant. Je suis l’ardeur des étés et la froideur des hivers. Je suis de toutes les saisons, fidèle au vent léger, rebelle au temps passé. L’orage qui gronde au loin et l’eau qui doucement s’écoule sous mes pieds. La lave expulsée et la neige cristallisée. Je suis de toutes les saisons, fidèle au vent léger, rebelle au temps passé. Je suis le nuage qui court, le brouillard qui s’installe, la feuille qui tombe et l’oiseau qui se pose, la rosée qui se forme et la glace qui se brise. Je suis de toutes les saisons, j’ai la légèreté du flocon et la rudesse du rocher, la douceur de la mousse, la noirceur du corbeau.
Je suis de toutes les saisons, celle des moissons et celle des vendanges, le pain que l’on tranche et le vin que l’on tire. J’ai l’humidité d’une aquarelle et la rugosité d’une huile séchée. Je suis l’ombre qui se pose, le jour qui se lève, je suis le rapace qui guette, le lièvre qui fuit, je suis la pluie et le beau temps, arc-en-ciel de nuances entre ciel et terre. Je suis de toutes les saisons fidèle au vent léger, rebelle au temps passé. Je suis la pleine mer et toutes ses marées basses, je suis moitié blanche, moitié noire, un soupir entre deux croches, l’espace qui relie deux vides. Je suis du couchant et du levant, du Nord et du Sud, de l’axe qui s’incline, de cette perpétuelle rotation, de la ronde des heures, de la course des aiguilles. Je suis de toutes les saisons, de la porte qui claque à la fenêtre qui s’ouvre, d’une larme de joie au sanglot du remord, je suis le haut des cimes et le creux des vallons, la tendresse du pastel et la force d’une sanguine. Je suis les jambes qui frémissent, la tête qui se pose, le bras que l’on lance, la main que l’on retient. Je suis la plume et le papier, le verbe et l’action, je suis l’ange qui passe et le passant qui attend.
Je suis le lien que l’on tisse, le nœud que l’on délie. J’ai le cœur tendre et la dent dure, je suis l’aimant et le repoussant, l’amant survolté et la femme blessée. J’ai l’oisiveté des gens bien nés et la faim du mendiant. Je suis la promesse de l’aube et le jugement dernier. Je suis de toutes les saisons, fidèle au vent léger, rebelle au temps passé.
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